[Témoignage] « La société civile : de la découverte à l’admiration »

rijasolo

Qu’est ce que la « société civile » ? Comment s’organise-t-elle ? Qui a besoin de la « société civile » ?

Telles sont les questions basiques que l’on pourrait se poser lorsque qu’on entend « société civile », un terme mainte fois entendu dans les médias, chez les sociologues ou dans la bouche de nos dirigeants.

Si l’on reprend la définition donné par Wikipédia, la société civile « désigne l’ensemble des associations à caractère non gouvernemental et à but non lucratif qui agissent comme groupes de pression pour influencer les politiques gouvernementales dans un sens favorables aux intérêts de ceux qu’elles représentent.(…) »

Il était évident que ce projet de photographier les acteurs de la société civile malagasy correspondait exactement à mes attentes de photographe documentaire : photographier « l’Autre », comprendre ce qu’il vit, témoigner de ses attentes, ses souffrance et surtout, finalement, des combats qu’il mène pour accéder à un « mieux-être » et à un « mieux-vivre ».

Comme la majorité des citoyens lambda de Madagascar et, avouons-le, comme la plupart des acteurs politiques et dirigeants de notre pays, je ne connaissais pas bien la société civile. Le tissu associatif de Madagascar est vaste et efficace, toutes les couches sociales et économiques du pays sont ainsi représentées et défendues par la société civile. Grâce à ce projet photographique, j’ai ainsi pu redécouvrir en quelque sorte mon pays. Grâce à la Photographie j’ai pu m’approcher de ce sentiment d’être, moi aussi quelque part, un acteur de la société civile, un acteur du changement, un défenseur du bien-être citoyen.

L’acte photographique nécessite d’être sur le terrain et de témoigner avec compassion, respect et honnêteté de la vie des gens. Parcourir sept régions de Madagascar ; Analamanga, Vakinankaratra et Haute-Matsiatra au centre, DIANA et Analanjirofo au Nord, Atsimo-andrefana et Anosy dans le Sud,  essayer de comprendre les enjeux, les sacrifices et les combats de femmes et d’hommes qui oeuvrent chaque jour dans ces associations, a été un réel défi et une expérience innovante dans mon parcours de photographe documentaire.

Madagascar est un pays riche de culture, de poésie et d’énergie. Mais Madagascar est aussi un pays injustement inégalitaire et en constante recherche du bonheur. Mon plus grand défi fut de pouvoir, en quelques photographies et dans un laps de temps relativement court, raconter la culture, la poésie de la vie malagasy et en même temps témoigner du travail de la société civile luttant quotidiennement contre les inégalités et les injustices vécues par nos concitoyens. Les sept régions visitées lors de ce périple photographique sont toutes différentes de part leur culture, leur climat ou leur problématique socio-économique. Toutes ont éveillé en moi un intérêt photographique particulier. Certaines m’étaient familières, d’autres ont été une réelle découverte. J’ai ainsi photographié sept ambiances différentes, sept façons différentes de vivre ou de souffrir. Mais au final j’ai toujours recherché une forme de cohérence photographique dans les regards, les attitudes, les couleurs et, surtout, il était important pour moi de retranscrire la dignité des personnes photographiées, animateurs sociaux comme bénéficiaires.

A chaque fois que je me rendais au siège d’une association et que je faisais connaissance avec son président ou sa présidente, j’ai toujours eu cette étrange impression d’être reçu comme quelqu’un qu’on attendait depuis longtemps, comme si la personne en face de moi me disait « Ça y est, vous êtes enfin là, je vais pouvoir vous raconter ce que nous vivons et ce que nous faisons pour changer les choses ! » Oui, car durant tout ce reportage, la seule chose que tous ces acteurs sociaux, ces activistes chevronnés, j’ai presque envie de dire « ces rebelles du système », ont en commun, c’est qu’ils sont fiers de ce qu’ils font et de ce qu’ils sacrifient tous les jours pour oser changer les choses : la vie de leur quartier, les mentalités nocives, inculquer le respect de l’autre et de soi-même, donner une voix aux minorités, s’unir pour penser aux générations futures,… tout simplement préserver les droits humains fondamentaux.

La Photographie a le pouvoir de raconter ces histoires-là. Elle a le pouvoir d’émouvoir et de faire réfléchir les gens. Difficile de dire si ce reportage photo permettra de changer les choses et contribuer à aider toutes ces associations qui m’ont ouvert leur porte, mais je suis persuadé que mes photographies apporteront une meilleure visibilité et une meilleure compréhension de ce qu’est la société civile malagasy qui agit pour le bien de ce pays et de sa population

RIJASOLO, auteur de l’expo Oser, s’unir agir.

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