RGPH3 : Haro sur la qualité des données pour une meilleure inclusivité du développement

Handicap

Madagascar compte 25 674196 habitants selon le résultat du recensement général de la population, publié ce mois de février 2021. Ce document révèle que 81 % de la population malgache vivent en milieu rural. Un taux conséquent qui devrait influencer la politique nationale pour s’orienter encore plus vers les secteurs ruraux. De même, ce recensement mené par l‘Institut national des statistiques (INSTAT) a confirmé que Madagascar a une population jeune, et a majorité féminine car 51 % de cette population et de sexe féminin.

Lors de la présentation du document au public et aux divers partenaires, le Premier ministre Ntsay Christian n’a pas manqué de préciser que les données contenues dans ces statistiques sont précieuses, car elles vont servir d’outils pour la planification du plan de développement de Madagascar. Ces statistiques serviront également aux différents acteurs, du secteur privé ou de la société civile à mieux réfléchir leur stratégie afin de bien cibler les bénéficiaires de leurs actions.

Toutefois, malgré son importance, les données du RGPH3 enregistrent quelques fausses appréciations de la réalité. Les données concernant les personnes en situation de handicap sont particulièrement erronées du fait que beaucoup de paramètres ont été omis ou mal définis selon Falihery Razafindrakoto, activiste pour les droits de personnes en situation de handicap.

Le taux de prévalence du handicap annoncé dans les résultats du RGPH 3 mérite une attention particulière. Selon le RGPH-3, il y a 154 255 personnes handicapées à Madagascar soit un taux de prévalence du handicap de 0,6%. Avec ce taux de prévalence réduit, la méthodologie adoptée par l’INSTAT dans la comptabilisation cache les personnes handicapées qui sont déjà invisibles au niveau de l’administration.

« Ce chiffre erroné va induire en erreur toute planification de programme de développement en faveur de ce groupe social. » En effet, ces chiffres sont en contradiction totale avec les autres enquêtes réalisées précédemment comme l’enquête MICS de l’UNICEF réalisée en 2018. Cette enquête montre un taux de prévalence plus élevé que celui dicté par le RGPH3 :

  • 13% des enfants âgés de 2-17 ans ont des difficultés fonctionnelles dans au moins un domaine ;
  • Parmi les enfants de 5-17 ans, le pourcentage ayant des difficultés fonctionnelles dans au moins un domaine est de 14% ;
  • Un enfant sur dix âgés de 2-4 ans a au moins des difficultés fonctionnelles dont les plus courantes sont celles liées à l’apprentissage (4,4%), à la communication (3,5 %) et au contrôle de comportement (2,5%) ;
  • L’anxiété (3,7%), la dépression (3,1%) et l’apprentissage (2,9%) sont les domaines pour lesquels les enfants de 5-17 ans ont le plus de difficultés fonctionnelles.

Méthodologie :

Le décalage entre ses différents taux et celui de l’INSTAT s’explique par une mauvaise méthodologie et une méconnaissance de l’outil utilisé. L’INSTAT annonce qu’il se base sur la Classification Internationale de fonctionnement (CIF) pour réaliser l’enquête alors que les OSC qui travaillent avec les PSH on fait la remarque que la définition du handicap qu’il annonce n’a rien à voir avec ce modèle. Selon l’INSTAT  « une personne est dite infirme ou handicapée, si une (ou plusieurs) partie (s) de son corps est (sont) atteint(s) d’une infection chronique et que cette infirmité/handicap est permanente et non guérissable ». « Cette définition porte préjudice aux personnes handicapées et réduit au néant tous les efforts pour changer le regard défectologique porté sur ces personnes » selon les personnes concernées. Elle insinue le handicap à une maladie, une infection alors que le CIF propose de se focaliser sur le fonctionnement de la personne avec son état de santé, sa personnalité en interaction avec son environnement.

Cette définition risque donc d’accentuer la stigmatisation de ces personnes en plus des éventuelles erreurs dans la mise en place d’une politique nationale sur le handicap.

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