Revenir dans la société, après un séjour en prison, représente un défi important. A Madagascar surtout, la prison est considérée comme le lieu où sont envoyés ceux qui représentent une menace pour la société, pour les empêcher de nuire aux autres. Tous ceux qui en sortent sont donc mis au ban de la société et éprouvent du mal à trouver un travail. Cette difficulté est encore plus grande pour les femmes. La loi prévoit pourtant divers systèmes, au sein de l’administration pénitentiaire malgache, pour accompagner ces personnes dans leur vie après avoir payé leur dette à la société. En effet, la fonction d’un séjour carcéral, outre la punition pour le méfait commis, est de rééduquer le détenu, pour lui permettre de réintégrer la société de manière pacifique et productive. La réalité est malheureusement toute autre. Aucun des systèmes prévus n’est effectivement mis en place, faute de ressources financières et humaines. A leur sortie de prison, les anciennes détenues sont livrées à elles-mêmes, dans une société plus hostile qu’à leur entrée, et n’arrivent pas à retrouver une vie normale. En conséquence, elles retombent dans les travers qui les ont amenées là.
Trente femmes détenues à la maison carcérale d’Antsiranana sont désormais capables de confectionner des drap, oreillers et rideaux et des articles de décoration d’intérieur en vannerie. Ces compétences, elles peuvent les transformer en source de revenus.
A Antsiranana, l’association AVVMM (Association Vehivavy Vonona Mandroso Mangarivotra), a décidé de prendre en charge la mission de préparation à la réinsertion sociale des femmes détenues. Avec l’accord de l’administration de la maison carcérale de cette ville portuaire, une trentaine de femmes, parmi les détenues les plus motivées, ont été sélectionnées pour se former en confection d’articles de décoration d’intérieur, en vannerie et en couture, pendant 16 jours.
Par ailleurs, les femmes membres d’AVVMM ont constaté que, malgré les compétences acquises,les ex-détenues souffrent de traumatismes liés à la vie dans le milieu carcéral, dans des conditions difficiles et hostiles. Cela affecte leur estime pour elles-mêmes, et entrave encore plus leur réinsertion dans la société. C’est pour cette raison qu’AVVMM a dédié durant cette initiative de 5 mois à leur fournir un soutien moral. Celui-ci consiste à reconstruire la confiance de ces femmes en elles-mêmes et en la société, puis à les accompagner pour se projeter d’ans l’avenir. C’est un travail de mentorat et de pair-éducatrice, avec une approche humaine manquant cruellement aux centres pénitentiaires, qui aide ces femmes à affronter dignement l’humiliation et la discrimination dont elles sont victimes tous les jours.
Nouveau défi : Doter ces femmes incarcérées de matériels de coutures et de vannerie afin qu’elles puissent continuer à travailler même après la fin de l’initiative.
Agées entre 20 et 55 ans, ces femmes sont aujourd’hui capables de confectionner des draps, des oreillers, des rideaux et des articles de décoration d’intérieur en vannerie. Grâce à la vente de leurs produits, une fois leur séjour en prison terminé, elles peuvent subvenir elles-mêmes à leurs besoins. Elles sont également mieux équipées moralement, pour faire face au regard, voire au rejet de la société.
Elles ont des objectifs, même modestes, qui les orientent dans leur nouvelle vie
La dignité humaine
Afin d’améliorer son action, l’association souhaite élargir son appui au-delà de la prison, car les détenues entrent et sortent. AVVMM va également apporter son soutien aux anciennes détenues qui ont déjà bénéficié de leurs formations lors de leur séjour carcéral.
Elles pourront approfondir leur technique dans les activités artisanales et dans la vente de leurs produits, mais elles pourront aussi bénéficier d’appuis psychologiques plus importants et plus suivis. L’ambition d’AVVMM est que ces femmes considèrent l’association comme un espace de décompression et de partage.
En effet, il ne s’agit pas juste de survivre à la prison. Il s’agit de retrouver du plaisir à la vie, et c’est ce qu’AVVMM veut fournir, du moins en partie, à ces femmes.
Les formatrices ont pu acquérir des nouvelles expériences humaines en côtoyant ces femmes détenues. Les formations se sont déroulées dans une ambiance conviviale entre les participanteset les formatrices.
Lire cette histoire en version PDF :