En 2021, dans la commune rurale d’Antehiroka, distict d’Ambohidratrimo, le taux de réussite aux examens officiels est passé à 76,13%, voire 100% dans les petites classes. En outre, une centaine d’enfants ont été rescolarisés dans des classes de réinsertion et ont tous fini l’année scolaire. Enfin, le taux d’absentéisme, toutes classes confondues, a baissé de 39 points par rapport à l’année scolaire précédente. Comment ? Grâce à la méthode ASAMA (Action Scolaire d’Appoint pour Malgaches Adolescents), élaborée et mise en œuvre par l’association Sarobidy.
A sa création, en 1998, l’association Sarobidy était un centre d’animation et d’éducation destiné à scolariser les enfants issus des familles les plus défavorisées de la commune. Aujourd’hui, elle œuvre dans les thématiques relatives à la protection des enfants, notamment la lutte contre toutes formes de travail des enfants, l’apprentissage des enfants en difficulté dans l’enseignement primaire, la lutte contre la déscolarisation des enfants et la promotion des droits des enfants à l’éducation et à un niveau de vie décent.
L’approche ASAMA est basée sur un modèle de formation de base intensive. La méthode intègre également un aspect d’éducation nutritionnelle, avec une cantine scolaire et une méthodologie adaptée. L’objectif de la classe de réinsertion ASAMA est que les enfants de 11 à 17 ans, analphabètes ou déscolarisés, puissent passer l’examen officiel du CEPE après 10 mois d’enseignement, au lieu des 5 ans prévus par l’enseignement général.
Elle vise à préparer ces enfants à mener une vie active décente, et à devenir des citoyens à part entière dans leur communauté. Cette approche permet de faciliter la réinsertion des enfants et adolescents sortis du cursus scolaire depuis trop longtemps sans qu’ils ou elles aient à refaire toutes leurs années scolaires.
Dans le contexte malgache, où le taux d’abandon scolaire ne cesse d’augmenter, l’approche ASAMA représente une alternative pour rattraper le retard cumulé de scolarisation, et ouvre le champ des réflexions concernant les différentes méthodes non conventionnelles que les OSC travaillant dans l’éducation pourraient mettre en œuvre.
« Quand j’avais 9 ans, ma petite sœur avait 7 ans, et ma mère a été obligée de me faire travailler. Je vendais des bananes au bord de la route, elle travaillait comme femme de ménage. Je n’avais plus le temps d’aller à l’école.
C’est en ce temps que l’association Sarobidy m’a trouvée. Sarobidy a discuté avec ma mère et ma grand-mère et m’a prise en charge, elle a aussi payé les frais de formation professionnelle de ma mère, et maintenant elle travaille dans une société industrielle »
Brigitte, 14 ans, une élève de la classe ASAMA
Comme la mère de Brigitte, des dizaines de parents d’élèves de la commune d’Antehiroka ont été orientés vers des entités de prise en charge pour se former à des activités génératrices de revenu. Le projet que Sarobidy a initié en 2021 a permis d’orienter 81% des parents d’élèves de son centre Safidy vers CEFOR et vers la structure de microfinance OTIV.
Mise en réseau et partage d’expériences entre OSC
Pour améliorer la compétence des animateurs de l’association Sarobidy en accompagnement des familles vulnérables, une collaboration avec l’ONG KOLOAINA sur les techniques d’enquête pour identifier les parents, sur les techniques d’animation et d’accompagnement psychosocial de ces familles, a vu le jour. Une nouvelle expérience qui s’est révélée aussi fructueuse qu’enrichissante.
Depuis le début de l’année 2022, l’association Sarobidy prévoit d’adopter le Processus d’Accompagnement Social et Economique Dynamique, un outil développé par Koloaina, qui incite un groupe de familles identifiées à se fixer des objectifs selon leurs besoins et à apprendre comment les atteindre.
En ce sens, la sélection des familles se fait sur la base de la pyramide des besoins de Maslow, pour chaque critère (besoins d’estime, besoin d’appartenance, besoin de sécurité ou besoin psychologique), on estime le niveau de satisfaction des besoins. D’après les résultats, l’association évalue le degré de vulnérabilité de la famille. Les familles vulnérables mais qui présentent des perspectives d’amélioration (un critère au-dessus des familles dites « Très vulnérables ») sont orientées vers l’accompagnement.
Selon les données de Koloaina, une famille arrive à évoluer sur le plan socio-économique à un taux de 56%.
Toutes ces méthodologies ont fait évoluer l’approche de Sarobidy vis-à-vis des parents des élèves et de gagner un peu plus leur confiance. En effet, cette relation animateurs Sarobidy – parents d’élèves pèse grandement dans la diminution du taux d’absentéisme et le taux d’abandon tout au long de l’année scolaire.