L’autonomisation de la femme ne vise pas seulement à générer des revenus supplémentaires mais également à contribuer au développement personnel et social. A Antsiranana, malgré les biais culturels et sociaux, les femmes à majorité des mères célibataires sont des vrais moteurs de développement dans leur communauté grâce à des initiatives endogènes. Les actions menées par l’AVVMM, « ASSOCIATION VEHIVAVY VONONA MANDROSO ATO MANGARIVOTRA » est une des références dans cette région en matière d’autonomisation des femmes.
L’AVVMM est une association des femmes créée en 2012 et regroupe actuellement 30 femmes, résidentes majoritairement du fokontany Mangarivotra de la Commune urbaine de Diégo Suarez. De son statut d’association, AVVMM vise ainsi l’amélioration de la condition socio-économique de leur membre, à travers le développement d’une activité de vannerie. En effet, l’association regroupe des membres issus de différentes couches sociales très variées.
Sentiment d’appartenance et épanouissement personnel comme piliers d’une vraie autonomisation des femmes membres
La cohabitation et la cohésion des membres a été un défi que l’association a surmonté grâce à une fluidité d’informations entre les membres. Chez AVVMM, les membres se réunissent au moins quatre fois dans l’année pour discuter de la vie de l’association, partager les informations sur la vie de la communauté et de ses membres. Chacune des membres est invité à s’exprimer et apporter son point de vue sur les questions qui touchent la vie de l’association et ses actions. Les décisions sont ainsi prises en commun accord. De cela, chaque membre assure ainsi une responsabilité dans le maintien de cette harmonisation de la vie associative. Toutes participent ainsi volontairement à la réalisation des activités.
Cette transparence motive les membres et leur permet de prendre des initiatives concrètes. Ces femmes sont devenues actives dans la réalisation de leur activité de vannerie à partir des raphias, et qui impactent sur le développement socio-économique de ses membres. Actuellement, l’AVVMM est un des fournisseurs connus qui approvisionne le marché de Diégo Suarez en produits de raphia à Diégo Suarez. Ce sentiment d’appartenance et de réalisation a contribué à l’épanouissement personnel de ces femmes qui sont majoritairement des mères célibataires.
Intérêt commun suscitant une coopération multipartite et équilibrée
Pour pérenniser leur activité, l’association AVVMM ne s’est pas limitée à l’amélioration de la vie de ses membres mais elle a choisi de coopérer et à renforcer des femmes de la commune rurale d’Andrafiabe, qui pourraient être des fournisseurs locaux de raphia, leur matières premières. Sollicitant l’appui de Fanainga+, l’AVVMM a pu appuyer deux groupements de femmes de Mandrosomiadana et de Ankitsaka autour de la valorisation des tiges de raphias en produisant des rabanes. Des métiers à tisser leur ont été également fournis pour leur permettre de pratiquer ce qu’elles ont appris et d’arriver à produire des rabanes de qualité. Le but est aussi de créer une autre source de revenus à ces femmes en rajout des activités agricoles.
Au vu des résultats obtenus et pour sa viabilité, Fanainga+ a pu inciter les groupements des femmes d’Andrafiabe à participer d’une manière active au repeuplement des raphias, ce en envisageant un partenariat équilibré avec un propriétaire de forêt de raphia de leur localité. Aussi, consciente de la dégradation environnementale que représente l’exploitation à outrance des raphias, l’AVVMM s’est approché du projet Forest for Future (F4F), un autre projet environnemental de la GIZ qui intervient dans la région DIANA pour s’acquérir des connaissances sur la protection de la nature. F4F les accompagne ainsi pour développer leur savoir-faire technique pour la mise en place de pépinière et de reboisement de raphia. Une collaboration tripartite (AVVMM, Groupements des femmes Andrafiabe, F4F) est en train de se mettre en place pour la campagne de reboisement de raphia en 2025. La concrétisation de l’entente entre le groupement des femmes et le propriétaire de foret de raphia est prévue pour permettre d’exploiter les tiges de raphia d’une manière responsable, et en même temps en sécurisant la forêt de raphia pour ses services écologiques.
Le cas de l’VVMM démontre cette capacité d’une association féminine de générer plus que des améliorations de la condition des femmes mais également d’apporter sa contribution, en tant que membre à part entière de la société au développement de sa communauté. Cette efficacité se repose sur un bon équilibre entre son aspect humain et son aspect organisationnel que l’association a su mettre en place.