Accès à l’eau et à l’hygiène : les femme à la tête du changement communautaire

Dans la commune rurale de Miary, Tuléar II, la diarrhée chronique qui touchait les enfants a été éradiquée depuis qu’un groupe de femmes a pris l’initiative de prendre en charge l’hygiène dans les quartiers. Tout a commencé par une simple mobilisation de ces femmes pour nettoyer la commune une fois par semaine, afin d’améliorer l’environnement de leur ménage respectif et de leur quartier. Pour mieux s’organiser, elles ont créé l’association VVM, ou Vehivavy Miraisaina Mivoatra. Ravis de la démarche, d’autres habitants dans les voisinages ainsi que la commune ont manifesté leur adhésion de diverses manières. Ils ont prêté les charrettes pour le transport de déchets, certains se sont portés volontaires pour participer aux activités. Rapidement, sous le leadership de ces femmes, le changement s’est mis en place : la propreté et l’hygiène sont devenues des priorités des habitants de la commune.

Profitant de l’enthousiasme qui animait la communauté, l’association commençait alors à s’attaquer au véritable problème de leur communauté : l’accès facile et régulier à une source d’eau propre. Dans leur quartier, la borne fontaine installée par la commune est mal entretenue et mal gérée. Elle convient peu aux exigences sanitaires.

En effet, à cause de la promiscuité avec les animaux d’élevage, les alentours de la borne fontaine sont insalubres, causant diverses maladies, surtout aux jeunes enfants. Par ailleurs, les longues files d’attente pour y accéder occupent plus que de raison le temps des femmes, préposées à l’approvisionnement en eau dans les ménages.

Les femmes de VMM ont donc commencé par la réhabilitation de cette borne fontaine.

Le Sud de Madagascar

Une convention de transfert de gestion de la pompe pour formaliser le partenariat entre l’association et la commune.

Leur partenariat, encore informel mais basé sur la confiance avec les autorités locales, s’est petit à petit renforcé. La Commune a donc tenu à apporter son soutien à la réhabilitation en fournissant des matériaux. En parallèle, ces femmes ont entrepris, à travers des sessions de formation de ses membres et les membres de leur communauté, des activités de sensibilisation sur les règles et bonnes pratiques d’hygiène. Plus tard, une convention de transfert de gestion de la pompe viendra formaliser le partenariat entre l’OSC et la Commune.

Forte de ces réussites, VMM a souhaité approfondir son impact dans l’amélioration de l’accès à l’eau et du contexte hygiénique. Il leur manquait pourtant les expériences dans la gestion de bornes fontaine. Pour remédier à cela, l’association s’est mis en contact avec divers partenaires locaux et nationaux, à l’instar de l’association Loharano Tokana de la commune d’Ampanotokana, dans la région Analamanga. Les échanges et les partages d’expériences entre les deux associations ont permis à VMM d’améliorer leur capacité technique, sans se dévier de leur ADN en attribuant un rôle de gestion et de prise de décision aux femmes. Une nouvelle vision s’est ainsi inscrite dans l’OSC. Cette vision se traduit par les actions qui combinent à la fois l’accès à l’eau potable à la communauté et la garantie d’un environnement sain et propre dans la commune.

« Cette nouvelle perspective n’a fait que confirmer la capacité technique de notre association dans le domaine de l’Eau, hygièneet assainissement. Cette capacité nous est chère car elle nous permet d’avancer encore plus vite. »

Bucheline, présidente de l’association.

Dans toutes ces actions, VMM s’est toujours reposée sur les besoins des premiers usagers de l’eau, les femmes. L’association a donc pris en charge la construction d’une nouvelle borne fontaine dans la Commune de Miary. Les femmes se sont engagées dans tous les processus, de l’identification de l’emplacement, le choix de la technique d’approvisionnement pertinente, jusqu’à la gestion dans le cadre du transfert de gestion de la borne. Ainsi, en plus d’être des usagers, l’association a placé les femmes en position de partie prenante à part entière dans le développement de la communauté.

Gestion de l’eau et enjeux de genre

Le cas de VMM permet de mettre en lumière les enjeux de genre liés à l’accès à l’eau.

Dans la Commune de Miary, comme souvent en milieu rural, le rôle traditionnel des femmes relatif aux ressources hydriques leur confère la responsabilité d’approvisionnement des ménages en eau et en alimentation, tout en étant garantes de la santé et de l’hygiène familiale. L’accès à l’eau constitue ainsi un enjeu majeur du quotidien des femmes, dans la mesure où leurs activités quotidiennes en dépendent. Cet enjeu se matérialise dans la vision et les activités de l’OSC, dont les membres soulignent l’impératif de concilier, aux responsabilités majeures que détiennent les femmes en termes d’approvisionnement et d’assainissement au sein des ménages, les pouvoirs de gestion et de préservation de l’eau en concertation avec la communauté, en tant qu’utilisatrices principales de la ressource.

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